Fernand Belmonte

FRESQUES

Technique de la fresque

«

 Fernand Belmonte écrit :

 

Chaque jour, c'était la bagarre contre le mur et l'échafaudage. Dans les courbes, le mur fuyant ne me donnait aucune possibilité de précision. Il me fallait un calque au point pour essayer de rectifier autant que possible la déformation des figures dans la perspective des voûtes. [...] Je travaillais debout au sommet. Sur les côtés, je travaillais assis, à genoux, puis assis les jambes pendantes sur le bord du plancher et enfin couché sur le plancher lorsque un motif se trouvait au niveau de celui-ci.

 

L'application sur les parois des calques qui atteignaient quelquefois 2m sur 2 = 4m2 était difficile. Nous étions deux pour les fixer ; le maçon et moi. Le maçon m'épargnait le travail des enduits. Il m'aidait en tout. Il se déplaçait beaucoup, il arrangeait l'échafaudage, faisait le mortier, montait et descendait souvent les 16 mètres de hauteur de l'échafaudage. Derrière ce monument de barres et de planches est apparu la fresque dans sa totalité.

 

Fresque resplendissante de fraîcheur, équilibrée, adaptée aux voûtes ; en un mot architecturale, on ne pouvait mieux espérer. C'est une grande œuvre en qualité, et en surface : 145 m2 ».

 

Solliès-Pont,

le 14 décembre 1976

 

 Qu'est ce que la fresque ?

 

C'est une peinture murale exécutée à l'aide de pigments d'origine minérale (terres argileuses, silicates) résistant à la chaux et détrempés à l'eau, appliqués avec des brosses, dures ou souples, sur un support constitué par une couche de mortier frais composé de sable et de chaux éteinte. Sous l'action de l'air, l'hydrate de carbone soluble exsudé par le mortier se transforme en une croûte transparente de carbonate de chaux insoluble, ou calcin, qui fixe et protège les pigments.

 

La technique de la vraie fresque dite « à l'italienne », ou buon fresco exige un travail rapide et précis. En effet, le peintre qui travaille sur un enduit humide ne peut apporter de modifications à son projet, ni juger exactement du ton de ses pigments. « Quand un mur est mouillé, les couleurs que l'on y voit ne sont pas celles qui apparaissent lorsque le mur est sec », écrivait au XVIe siècle Giorgio Vasari, La couleur des pigments se modifie en séchant, la luminosité des couleurs est augmentée par la présence des cristaux du mortier.

 

Les étapes de la réalisation de la fresque sont des plus complexes et obligent à un travail continu avec «raccords» parfaits, lors de la division en journées (giornata de 3 à 4 m2 par personne).

 

Le peintre recouvre le mur d'un crépi assez rugueux appelé arricio. Il esquisse au fusain les grands traits de sa composition. Afin d'éviter la déformation des figures dans les voussures et pour dessiner les figures aux contours précis, il applique des calques aux points. Cette première esquisse est ensuite reprise à l'aide d'un petit pinceau pointu et d'un peu d'ocre tout à fait liquide. Ce dessin préparatoire à l'ocre est renforcé au moyen d'un pigment rouge, dit sinopia.

 

Ce travail préparatoire est progressivement caché sous un second enduit de chaux, appelé intonaco, finement granulé et mince. La surface recouverte correspond à une partie de la composition susceptible d'être achevée le jour même.

 

L'artiste peint l'œuvre finale sur cet enduit frais avec les poudres minérales détrempées à l'eau.

 

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