Fernand Belmonte

FRESQUES

Eglise Sainte Geneviève de Fleurus (Algérie)

 

Le Christ rédempteur entouré de nombreux saints glorifie Sainte Geneviève,

patronne de la paroisse, peinture à fresque de 15m2, réalisée en 1945.

Fernand Belmonte, le plus célèbre des Fleurusiens, en profita pour se dévouer à la décoration de l'église de Fleurus. La conception de l'autel et du tableau mural résulte d'une entente (assez inhabituelle dans une modeste église de village) entre le maçon qui construit l'autel et le peintre qui en réalise la toile de fond. Elle est faite pour prolonger de développer dans le fond de l'abside le symbole de la croix auquel est associé un V renversé qui reprend la forme des chevrons de la toiture de l'église, visibles depuis la nef, et annonce celle de la toiture ornementale du tabernacle. Celui-ci est donc situé sur le haut d'une structure pyramidale développant à la fois le V renversé et la croix, qui figurent une et quatre fois sur sa base, tous deux pointant vers le Christ, et, plus haut, vers sainte Geneviève, direction axiale soulignée par les six cierges à longueur décroissante disposés sur les plans de l'autel.

 

Les saints (tous munis de l'auréole traditionnelle qui les distingue et les met en valeur) sont disposés par paires. A la droite et à la gauche de sainte Geneviève, nous reconnaissons saint Pierre (aux clefs qu'il tient en contrebas) et saint Paul. Outre leur niveau hiérarchique élevé parmi les apôtres, ils sont étroitement associés à elle du fait que ce qui devait être plus tard l'abbaye de sainte Geneviève sur la colline du même nom à Paris, et dont seule la "tour Clovis" est conservée aujourd'hui, avait été à l'origine un monastère dédié par Clovis à Pierre et Paul.

Au niveau suivant, nous voyons deux rois de France, tous deux couronnés et portant leur sceptre : à droite, saint Louis (au sceptre fleurdelisé et qui porte sur la poitrine l'emblème du croisé) et à gauche Clovis Ier, contemporain de Geneviève et dont la tradition veut qu'il lui ait porté un grand respect. La tête et la couronne de Clovis sont directement inspirées de son gisant dans la basilique de Saint-Denis, construite sous l'impulsion de la sainte, tandis que le peintre semble avoir étudié la représentation de saint Louis à Blaney, et en a reproduit le nez et les pommettes saillantes.

 

Au troisième niveau, voici à droite saint Jean Baptiste, portant son agneau, et à gauche, Marie Madeleine, tenant la palme qu'on lui prête souvent dans l'iconographie : on la trouve fréquemment aux côtés de sainte Geneviève dans l'art ecclésiastique parisien, où elles furent respectivement patronnes de deux paroisses importantes, rive droite et rive gauche. Aucun autre lien direct avec Geneviève – d'ailleurs, à l'exception du Christ, c'est le seul personnage de cette glorification à regarder directement le spectateur, non sans un souçon d'effronterie et avec une coiffure moderne, de sorte qu'on se rend compte que Fernand Belmonte, dont le sens de l'humour était bien connu, a dû prendre pour modèle une de ses proches, et qu'on y reconnaît alors, en regardant de plus près, Lucie Rabisse, veuve Pommeyrol, qui avait contribué de façon importante au coût de la fresque. Enfin, au quatrième niveau, sous les bras du Christ, on distingue deux ecclésiastiques, qui sont probablement (à droite, en surplis) saint Germain, évêque d'Auxerre, et (à gauche, en bure de moine) saint Loup, évêque de Troyes. Germain et Loup se seraient en effet, selon l'hagiographie, arrêtés à Paris en 429, en route pour combattre l'hérésie pélagienne en Angleterre, et auraient orienté Geneviève vers sa vocation religieuse. Ici aussi, l'artiste a rendu hommage à un Fleurusien, puisqu'on reconnaissait à la barbichette l'abbé Logié, curé de la paroisse à l'époque.

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